Reconnaissable à sa silhouette sombre rayée de blanc et à ses pattes zébrées, l’Aedes albopictus est dénommé "moustique-tigre", par référence à son agressivité et sa voracité. Sa piqûre est très douloureuse.Originaire des zones tropicales, le "moustique tigre" est en forte expansion à travers le monde, y compris en zone non-tropicale et dans notre région, depuis peu. Apprenez à le connaître et à vous en prémunir.
Le moustique tigre dont le nom scientifique est "Aedes albopictus" a largement colonisé l'ensemble des continents ces dernières années. Cette expansion mondiale à partir de l’Asie est une conséquence de la mondialisation des échanges. C'est grâce à la diapause (hibernation) des œufs et à leur résistance à la dissécation (dessèchement) (Cf paragraphe "vous avez dit moustique tigre ?") que l'espèce a pu survivre lors des longs transports maritimes. Le commerce des pneumatiques usagés est une voie prouvée de diffusion entre continents, mais elle n’est pas exclusive : le commerce des bambous d’ornements, très en vogue depuis 2000, a également permis le transports d’œufs pondus dans les vases, avant leurs chargements.
Cet insecte est en constante progression depuis sa première implantation à Menton en 2004, sur le territoire national et à l'exception des Hautes Alpes où sa progression reste limitée, toute la région PACA a été colonisée. La Ville de Marseille ne fait pas exception : ce nuisible a envahi l'ensemble de l'agglomération.
Bien qu'appelé "moustique tigre", c'est un insecte de très petite taille que l'on pourrait confondre avec un moucheron si ses pattes n'étaient zébrées.
Les moustiques mâles sont inoffensifs : seules les femelles piquent car après accouplement, la femelle a absolument besoin d'un repas sanguin pour porter ses œufs à maturité.Vivant à proximité de l'homme, c'est un moustique typiquement de ville. En effet, il affecte le territoire urbain où il est présent de mai à novembre. Il pique la journée (diurne), essentiellement à l’extérieur des maisons avec une activité plus importante en début de matinée et en fin de journée. Si on le retrouve à titre exceptionnel à l'intérieur d'une habitation, c'est pour prendre son repas de sang puis, il ressort se reposer à l'ombre de la végétation. Volant mal, son rayon de déplacement dans une journée est faible : environ 100 mètres. Mais il utilise le transport passif en s'introduisant dans les véhicules; c'est ainsi qu'il se déplace envahissant le territoire national.
La relation du moustique avec l’eau est fondamentale pour sa sédentarisation dans le milieu. Et l'Aedes albopictus pond ses œufs à proximité directe de l'eau. En hiver, les œufs se mettent en diapause (hibernation) lorsque les stimuli environnementaux, température, photopériode (raccourcissement de la lumière du jour) deviennent défavorables. Un lieu de ponte potentiel s’appelle un "gîte larvaire". Ce dernier assure le bon développement des 4 stades larvaires jusqu’à l’émergence de l’adulte. A la différence du Culex, il recherche de l'eau propre légèrement tanique mais, une petite quantité d'eau suffit à la femelle pour pondre. Un bouchon de bouteille abandonné lui convient parfaitement, par exemple. En cela, il bouscule nos représentations quant à ces insectes.
En résumé :
Implantation définitive et irréversible,
Urbain,
Durant la journée,
Extérieur,
Petite taille,
Petites quantités d'eau propre,
Agressif, à la piqûre douloureuse.
Il est vecteur de deux maladies tropicales, d'origine virale et de type grippal, la Dengue, le Chikungunya et le Zika. En piquant un malade, le moustique devient porteur du virus qu'il pourra alors transmettre à toute autre personne susceptible d'être piquée par le même moustique. Par contre, s'il n'a jamais été en contact avec un malade, il ne pourra en aucun cas transmettre l'une ou l'autre des maladies et la nuisance se limite alors à sa piqûre. Cette dernière est douloureuse car, notre organisme n'a pas encore fabriqué d’anticorps pour cet insecte venu nous coloniser d'Asie, via le commerce international.
• Le Chikungunya est une maladie qui se révèle pénible et parfois invalidante; elle provoque des douleurs articulaires pouvant durer de longs mois. On constate généralement une fièvre d'apparition brutale, supérieure à 38,5°C accompagnée d'un syndrome grippal.
• La Dengue, aussi appelée "grippe tropicale", est une maladie généralement bénigne bien qu’invalidante, mais qui peut se compliquer de formes hémorragiques plus graves. Après une incubation de 5 à 7 jours, une forte fièvre apparaît brutalement, accompagnée de maux de tête, de douleurs musculo-articulaires (sensation de courbatures intenses) et au niveau des globes oculaires et d’une fatigue générale. D’autres symptômes tels que des nausées et des éruptions cutanées, des membres inférieurs en particulier, peuvent également se manifester.
Aussi, les personnes se rendant dans des zones où circulent les virus du chikungunya, de la dengue et du Zika doivent se protéger des piqûres de moustiques sur place (Cf chapitre infra 'La protection individuelle").
Le plus souvent, la personne développe peu de symptômes voire même l'absence de tous signes. La guérison est spontanée en 2 à 7 jours. Mais, quand ils apparaissent, les symptômes se rapprochent de ceux de la grippe doublés de douleurs derrière les yeux, associés à une conjonctivite, des œdèmes des mains et/ou des pieds avec une fièvre peu élevée et passagère. Attention ! L'emploi de l'aspirine ou d'anti inflammatoires n'est pas recommandé ! Les femmes enceintes ou ayant un projet de grossesse et désirant se rendre dans un pays où circule le virus Zika doivent soit reporter leur voyage, soit consulter un médecin qui expliquera les complications induites par le virus Zika.
A leur retour, si elles développent les symptômes décrits (on parle alors, de "cas importé"), il leur faudra consulter leur médecin en indiquant le lieu de leurs voyages. D’autre part, il est impératif qu'elles se protègent des piqûres de moustiques Marseillais afin de ne pas propager éventuellement ces maladies (on parle alors, de "cas autochtone"). Tous les virus transmis par le sang ne sont pas transmissibles par le moustique : le moustique n’est pas une seringue pour virus ! Le VIH/Sida n'est pas transmis par le moustique..
Au niveau national: Un guide national relatif aux modalités de mise en œuvre d'un plan anti-dissémination de la Dengue et du Chikungunya est mis en œuvre par les autorités chaque année. Il est construit autour : d'une surveillance entomologique (c’est-à-dire des populations de moustiques) renforcée à partir du 1er mai, dans les zones où le moustique est présent ou susceptible de s’implanter. Elle est assurée sur certains points de la région au moyen de pièges pondoirs. A ce jour, elle est assurée par Entente Interdépartementale pour la Démoustication Méditerranée (EID). La Préfecture et l'ARS PACA mettent en place un dispositif de lutte anti-vectorielle contre le risque de dissémination de la Dengue et du Chikungunya.
A l'heure actuelle il n'y a pas d'épidémie de Dengue et de Chikungunya, dans notre région. Mais nous devons tous agir pour éviter sa prolifération par des gestes simples au quotidien et nous protéger contre ses piqûres
En dehors de cette situation, la lutte adulticide n'est pas recommandée.
La lutte larvicide (contre les larves) à l'aide d'un produit actif est possible au cas par cas, particulièrement pour les points du bâti difficilement atteignables : terrasses à plots, avaloirs... Le biocide concerné s'achète généralement dans les magasins de bricolage, de jardinerie. Il s'agit du Bti (Bacillus thuringiensis israelensis) qui est souvent vendu sous l’appellation : "insecticide biologique". L'EID l'emploie pour la démoustication des zones ciblées en Camargue.
Quel est son mode d'action ? La larve absorbe du phytoplancton, du bactérioplancton : elle ingère ce micro organisme qui va intoxiquer son système digestif et entraîner sa mort. La seule réserve quant à l'emploi du Bti est lié au développement même de la larve : à partir du stade 3, elle ne se nourrit quasiment plus se préparant à former sa nymphe dont elle sortira, adulte. Aussi, l'emploi du Bti se doit d'être renouvelé tous les 15 jours. De plus en eau profonde, le Bti va se déposer en fond alors que la larve nage entre deux eaux ; on perd en efficacité.
Quant à la prévention contre la prolifération des gîtes larvaires, elle s'articule autour de trois thèmes principaux :
• Le bâti,
• Les espaces verts,
• Autour du domicile.
I- Le bâti
Il est important de vérifier le bon écoulement des eaux de pluie et des eaux usées :
Siphon de cour piège à sable (maintenir à la surface une pellicule d'huile blanche végétale ou emploi du Bti)
Gouttière : vérifier le bon écoulement des gouttières les faire réparer si en mauvais état Vide sanitaire (placer une grille type moustiquaire au niveau des bouches d'aération.
Climatiseurs : vider les retenues d'eau.
L'entretien régulier hors et pendant la période des moustiques (à l'automne, au printemps et tout au long de la période d'été )
Vérifiez l’écoulement des eaux de pluie ( L'absence d’eaux stagnantes, d’infiltrations, de fuites
Le raccordement des chéneaux et des gouttières,
Les fixations des gouttières et des descentes,
La localisation et l’accessibilité aux éléments. Après de fortes intempéries (pluie, vent), vous devez vous assurer de l’évacuation normale de l’eau.
De même, toute intervention (pose d’antenne, travaux d’élagage..) sur ou à proximité des toits doit entraîner des vérifications.
II. Les espaces verts
Attention à ne pas laisser la végétation empiéter sur les toits !
Réserves d'eau (fût, bidon) bâchées ou recouvertes d'une moustiquaire
Attention aux gîtes naturels : creux d'arbres à obturer, bambous cassés dont chaque tige brisée et creuse devient alors un réceptacle...
Retourner ou ranger à l’abri de la pluie tout ce qui peut contenir de l’eau (seaux, arrosoirs).
Bassins d'agrément entretenus et empoissonnés : gambusias, poissons rouges, carpes...
Changer l’eau des plantes et des fleurs : une fois par semaine voire supprimer les soucoupes des pots de fleurs, remplacer l’eau des vases par du sable humide ;
Pour éliminer les lieux de repos des moustiques adultes, pensez à :
débroussailler et tailler les herbes hautes et les haies ;
élaguer les arbres ;
ramasser les fruits tombés et les débris végétaux ;
réduire les sources d’humidité (limiter l’arrosage) ;
entretenir votre jardin.
III Autour du domicile
Piscines entretenues, hors saison bâchée ou vidée (Attention à l'eau qui pourrait stagner au milieu d'une bâche !)
Eliminer les endroits où l’eau peut stagner : petits détritus, boites de conserve, pneus usagés (vous pouvez aussi les remplir de terre, si vous ne voulez pas les jeter),
encombrants,
carcasses de voitures, de bateaux, jouets..
Apporter vos encombrants en déchetterie : frigo, cuisinière...
Pièges à femelle gravide.
C’est un piège d’un emploi simple, peu coûteux et sans insecticides. En effet, les femelles pleines d’œufs cherchent différents lieux de ponte car, elles ne mettent jamais « leurs œufs dans le même panier » ! Elles vont donc, s’introduire dans le dispositif , attirées par un signal olfactif et la présence d’eau car pour le coup, il faudra le remplir. Mais, une fois à l’intérieur, elles ne pourront en sortir et resteront piégées.
Un conseil : ce piège peut être couplé avec celui à moustiques adultes afin d’optimiser le périmètre de protection et de lutte.
Remarques : En raison de leur efficacité trop brève et d'éventuels risques d'allergie ou de photosensibilisation, il n'est pas recommandé d'employer des huiles essentielles. Méthodes dont l'efficacité n'a pas été démontrée : appareils à ultrasons, bracelets anti-insectes, vitamine B1, homéopathie, raquettes électriques, papiers rubans auto-collants sans insecticides...
Quant aux personnes qui s'apprêtent à partir en voyages dans les zones mentionnées, pour être informés des précautions à prendre, elles sont invitées à contacter le Centre de vaccination de la Ville de Marseille ou le Service Santé des voyageurs de l'Hôpital Nord :
Centre de Vaccination de la Ville de Marseille
2 rue Fontaine d'Arménie (1er)
RDV à prendre au centre d'appel Allô-Mairie au 3013 (gratuit),
du lundi au vendredi de 8h à 18h30 et le samedi de 7h30 à 17h.
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Service santé des voyageurs
Hôpital Nord
Consultations sur RDV du lundi au vendredi, de 9h à 12h et de 14h à 16h30
Tel : 04 91 96 89 11
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Le Haut Conseil de santé publique (HCSP) a publié en janvier un avis complémentaire à celui de juillet 2015. Cet avis renforce en particulier les mesures prises dès le mois de décembre d’information et de prévention à destination des femmes enceintes. L’hypothèse d’une relation de cause à effet entre la recrudescence de cas de microcéphalies foetales ou néonatales et une infection par le virus Zika chez la mère est probable.
Rappel : le moustique vecteur du Zika a une activité principalement diurne avec une recrudescence d’activité le matin et en fin de journée. C’est donc surtout dans la journée qu’il faut se protéger.
Les symptômes sont le plus souvent de type grippal (fièvre, maux de tête, courbatures) avec des éruptions cutanées et se manifestent dans les 3 à 12 jours qui suivent la piqûre par le moustique contaminé. L’infection par le virus Zika peut également se manifester par une conjonctivite ou par une douleur derrière les yeux, ainsi que par un oedème des mains et/ou des pieds. La fièvre apparait peu élevée.
Déclaration de l'OMS sur le virus Zika et ses complications neurologiques et néonatale